Le changement ne se monnaye pas
























Article par Derrick Jensen pour Earth Island Journal automne 2011.
Can’t Buy Me Change traduit en français par Les Lucindas.
 
Ndlt: cet article a été écrit en réponse à celui de Kevin Danaher (cofondateur de Greenfestivals), intitulé "Consommer moins, consommer mieux" dans le cadre d'un débat sur la pertinence et le champ d'action réel de la consommation dite éthique et durable.




Le fait est que cette question – pouvons-nous promouvoir une écologie soutenable en achetant de meilleurs objets? – montre sérieusement l'absurdité de ce genre de discours environnemental. Nous avons besoin d'être clairs : une économie industrielle, et peu importe de quelle manière elle se dit verte, est de façon inhérente insoutenable. Elle est basée sur des ressources non renouvelables et sur l'hyper exploitation des ressources renouvelables. En bref, c'est basé sur le principe de la perte. C'est un peu tard, là, alors que la planète est assassinée, d'avoir à dire ça à des environnementalistes.

Il n'y a jamais eu ici de civilisation soutenable, et la civilisation a été particulièrement désastreuse. La civilisation est aussi inexorablement injuste, car elle est basée sur l'importation des ressources – un mot un peu moins sympathique est vol – des colonies vers le centre de l'empire. Dans le but de voler ces ressources, les peuples indigènes doivent être éloignés de la terre et forcés à entrer dans l'économie de l'argent global. Le fait que des gens ayant bon cœur puissent esquiver cela révèle leur degré d'intériorisation de la logique capitaliste.

Laissez-moi le dire d'une autre façon. Est-ce qu' « acheter de meilleurs objets aurait stoppé les nazis ? » Est-ce que cela aurait stoppé l'apartheid ? Est-ce que cela aurait stoppé l'esclavage aux États-Unis ? Bien sûr que non. Dans les deux derniers cas ça a été tenté et ça a échoué. Pourquoi ? Parce que la question du rôle du pouvoir comme générateur d'injustice a été esquivée.

Avant de blêmir devant ma comparaison entre le capitalisme et les nazis, regardez-y avec le prisme des 200 espèces qui disparaissent chaque jour, qui disparaitront demain, et après-demain, et après après-demain, dans un holocauste aux proportions inimaginables. Regardez-y avec le prisme des millions d'enfants tués chaque année par les conséquences de ce qu'on appelle la dette que doivent les colonies au centre de l'empire. Regardez-y avec le prisme des indigènes forcés de quitter leurs terres. « Acheter du bon matos » ne règle absolument pas ces problèmes.

Le concept d' « acheter de meilleurs objets » relève de cette fausse histoire racontant que les choix personnels peuvent mener au changement social. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Je ne cesse de penser à ces phrases de Dom Helder Camara : « Quand je donne de la nourriture aux pauvres, ils m'appellent un saint. Quand je demande pourquoi ils sont pauvres, ils m'appellent un communiste. » Acheter directement au pauvre est sympa, mais ça ne fait rien pour régler leur pauvreté.

Le précepte fondamental des marchés est que les vendeurs essayent de maximiser les prix et que les acheteurs essayent de les minimiser. Et c'est bien et bon de parler de supermarchés écoloverts pour des biens équitables, recyclables, reconditionnés. Mais il y a des raisons pour lesquelles Carrefour et Auchan mettent les commerces locaux hors-circuit. Les économies d'échelle garantissent que Carrefour pourra court-circuiter le petit commerce. Le propriétaire du magasin d'ordinateurs local de ma ville doit avoir un boulot de gardien de prison parce que Carrefour peut vendre des ordinateurs encore moins cher que lui peut les acheter. Le seul moyen pour moi de soutenir le commerce local c'est de dépenser plus. C'est la même chose pour le café, le thé, les t-shirts et ce que vous voulez. Le capitalisme garantit que le commerce équitable reste un créneau de luxe qui ne pourra jamais affecter un changement social à grande échelle.

L'économie globale est essentiellement une économie dirigeante, basée sur la force. Prétendons qu'une communauté est capable d'établir une économie verte à 100% soutenable. Présumons que les gens qui y vivent sont satisfaits de leur train de vie, et ne veulent pas en changer. Donnons-leur un nom. Appelons-les les « Tolowa », ou « Yurok » ou « Dakota ». Ou disons que c'est les « Kayopo », vivant sur les bords de la rivière Xingu. Et maintenant disons que ceux au pouvoir décident qu'ils veulent les terres sur lesquelles (ou plutôt avec lesquelles) cette communauté vit. Que se passe-t-il ensuite ? Est-ce quelqu'un croit vraiment que ceux qui sont au pouvoir ne vont pas détruire la communauté et voler les ressources ? Ce génocide n'appartient pas au passé : les Kayopo sont délogés de leurs terres, là, maintenant, pour laisser la place au barrage du Monte Belo.

Kevin Danaher demande « si vous et moi allons dans un pays pauvre dans le monde, et vous avez la meilleure critique du capitalisme jamais énoncées, et moi j'offre des boulots écolo payés décemment, qui aura le plus d'alliés ? » Cette question est problématique pour un certain nombre de raisons. La première, c'est qu'elle accepte le capitalisme industriel global et l'économie de salaire comme données. La deuxième, et c'est la plus dérangeante, c'est qu'elle esquive le fait que ce qui est soutenable n'est pas déterminé par ce qui a le plus d'amis. Ce qui est soutenable est déterminé par ce qui est physiquement possible. Quelque chose est soutenable si ça aide la planète à devenir plus viable. Que cette personne-là soit votre amie n'est pas pertinent.

Pourquoi ne pas se demander à la place : « Si nous allons dans un pays pauvre, et que j'ai la meilleure critique du capitalisme jamais énoncée, et que je fournis une solidarité tangible avec les efforts organisés des gens pour qu'ils récupèrent leurs terres, que vous offrez des boulots écolos payés décemment, qui aura le plus d'amis ? » La réponse sera : ceux qui ont fourni une solidarité tangible. Ce n'est pas de la théorie. Les Adivasis – un peuple indigène en Inde – ont rejoint en masse les Maoïstes Naxalites non pas parce qu'ils sont maoïstes, mais parce qu'ils sont en train de résister.

Danaher déclare également : « Les gens ont besoin de boulots et de revenus, pas de théories radicales d'intellectuels privilégiés. » Et bien, en fait, non – ils n'ont pas besoin d'un boulot et d'un revenu. Ce dont ils ont besoin c'est de la nourriture, des vêtements et un toit. Ce dont ils ont besoin c'est d'accéder à leur terre. En accédant à leur terre, ils n'ont ni besoin de boulot, ni de revenus. Ce n'est pas de la théorie radicale d'intellectuel privilégié. C'est ce qu'ont toujours dit les peuples indigènes depuis que la culture dominante a commencé à les déposséder.

Il y a des années j'ai demandé à un membre des Tupacaramaristas ce qu'ils voulaient pour le peuple du Pérou. Il m'a dit : « Nous voulons pouvoir faire pousser et distribuer notre propre nourriture. Nous savons déjà comment nous y prendre. Nous avons simplement besoin qu'on nous permette de le faire. » Il n' a pas mentionné les boulots écolos.

Ce que les gens des colonies veulent, ce n'est pas avoir un boulot servant l'élite globale. Ce qu'ils veulent c'est qu'on les laisse tranquilles, et ce qu'ils veulent de ceux d'entre nous qui se proclament révolutionnaires, c'est qu'on force les empires à se retirer de leur territoire. Nous n'avons pas besoin de perpétrer le fardeau de l'Homme Blanc en utilisant notre propre privilège pour rehausser plus ou moins le train de vie des frères et sœurs qui auront la chance de vivre à peu près comme nous. Voici le nouveau fardeau réel, moralement et écologiquement responsable d'être un homme blanc : réparer les dommages causés par la culture dominante et détruire l'habilité des riches à voler les pauvres en premier lieu.




 Derrick Jensen     "Le changement ne se monnaye pas."

 Can’t Buy Me Change traduit en français par Les Lucindas


Ndlt: cet article a été écrit en réponse à celui de Kevin Danaher (cofondateur de Greenfestivals), intitulé "Consommer moins, consommer mieux" dans le cadre d'un débat sur la pertinence et le champ d'action réel de la consommation dites éthique et durable.




Dreams, préface























Cela fait depuis plusieurs années que je voulais écrire un livre sur la relation réciproquement bénéfique et extrêmement complexe entre les réalités oniriques et éveillées. Mais à chaque fois que je finissais un livre et m'attelais à celui-ci, un autre livre demandait soudainement mon attention, et remettait le projet à plus tard. Puis cette année ce livre s'est clairement imposé, comme nous allons l'explorer ici. Il ne pouvait plus être remis à plus tard.
Et comme cela se passe si souvent avec les messages qui viennent des lieux où nait l'écriture, j'ai choisi de les ignorer. J'ai pensé que la raison que j'avais d'ignorer ces messages était, comme nous semblons toujours penser à propos de ces raisons, inéluctable. Dans ce cas ma raison était que le monde physique, réel est en train d'être tué et je ne voulais pas gaspiller mon temps à écrire sur les rêves. Avec le monde entier en jeu, n'importe quel livre – action, pensée, journée, vie – qui n'aide pas à réussir à arrêter cette culture qui tue la planète est inexcusable, impardonnable. Et comment un livre sur les rêves pourrait aider ?
Et puis ça m'est venu. En partie parce que cette culture qui tue la planète ignore, dévalorise et diabolise les messages provenant de ces lieux d'où viennent l'écriture, les rêves, et tant d'impulsions, d'idées et d'êtres. Cette culture essaie de créer une séparation rigide entre ce qu'elle appelle l'humain 1 d'un côté et ce qu'elle appelle le naturel ou le surnaturel d'un autre côté ; elle favorise alors ce qu'elle appelle l'humain aux dépens du reste.
La différence fondamentale entre la façon de vivre des civilisés et et celle des indigènes est que pour le civilisé, même le plus ouvert d'esprit, écouter le monde est une métaphore. Pour les peuples indigènes traditionnels, ce n'est pas une métaphore ; c'est la façon de s'entendre avec le monde réel.
Je ne suis pas un indigène. Pas le moins du monde. Je ne serai jamais un indigène. Je suis simplement un membre vivant d'un univers vivant, tout comme vous. L'expérience d'écoute et de communication avec le non humain, dont les autres mammifères, les autres animaux, les champignons, les plantes, les bactéries et autres ; et aussi les êtres que cette culture ne considère même pas comme vivants comme les rivières, les roches, les montagnes, les étoiles, les sols et autres ; et aussi les êtres que cette culture ne considère même pas comme existant, comme les muses, les donneurs de rêve ndlt, les esprits et autres – est un droit de naissance appartenant à chacun d'entre nous. Notre exil culturellement imposé de ces relations – ce bourrage de crâne culturellement imposé dans lequel nous nous trouvons emprisonnés – est un des prix que cette culture nous inflige.
Parce que cet exil est si dénaturé, il est extrêmement difficile à maintenir. Il doit être plus ou moins constamment renforcé par des messages comme quoi d'autres intelligences n'existent pas, avec des messages de supériorité autoproclamée, avec des messages frénétiquement provocants d'aliénation auto imposée. Communiquer avec les autres non humains, « entendre des voix », est, comme on nous le dit encore et encore, à considérer comme insensé.
Il y a des années, j'ai interviewé Judith Herman, une penseuse, écrivain, philosophe remarquable, et une défenseuse des victimes et survivants de traumatismes, qui fait probablement le plus autorité dans le monde en ce qui concerne les effets de la captivité 2 sur la psyché humaine. Elle a longtemps été une de mes héroïnes. L'interview s'est extrêmement bien passée, et en plus je sentais que nous avions établi quelque peu une relation. Nous avons échangé quelques emails, et elle était chaleureuse et généreuse. J'ai utilisé des éléments de son interview dans A Language Older than Words, qui portaient en partie sur la communication entre les espèces, en partie sur les violences domestiques, et en partie sur l'idée qu'avant de pouvoir exploiter les autres, vous devez les réduire au silence. J'ai décrit cette mise sous silence en l'étendant à la sphère du non humain, et parlé de l'importance d'écouter le monde naturel. Pour la remercier pour le rôle qu'elle a joué dans ce livre je lui en ai envoyé une copie. Notre relation a semblé disparaître totalement. J'ai trouvé le courage de lui demander ce qu'elle pensait de ce livre et j'ai reçu une réponse assez froide insinuant gentiment que de déclarer entendre les voix des non humains était un signe de maladie mentale, et pointant le fait que certains grands gourous de secte avaient déclaré recevoir leur inspiration des non humains (elle parlait de ces membres de secte complètement cinglés qui déclaraient avoir reçu leur inspiration de Dieu, et non pas de ces cinglés de la secte capitaliste qui déclaraient avoir reçu l'inspiration de l'argent, ni de ces cinglés de scientifiques qui avaient fétichisé leur déclaration à n'avoir à écouter personne (d'où pensez-vous que leurs idées puissent venir?), bien que la plupart d'entre eux aient compris que s'ils n'écoutent pas leurs chefs de Monsanto, de l'Agence Nationale de Sécurité (NSA), d'Exxon-Mobil, ou de leurs équivalents, ils ne pourraient être capables de maintenir leur train de vie auquel ils avaient été habitués).
Je respecte encore profondément cette femme et resterai toujours reconnaissant pour son travail, mais je pense qu'elle a faux sur cette question. Ce sont les membres de cette culture – cette culture qui est en train de tuer la planète – qui qualifient l'écoute des non humains d'insensée. Les membres des cultures indigènes qui ont vécu sur leurs terres pendant des milliers d'années sans tuer la planète appelle cette écoute des non humains une part de la vie normale.
Aujourd'hui j'ai lu un questionnaire standard d'admission en hôpital psychiatrique. Une des questions pour aider à déterminer si vous souffrez de schizophrénie paranoïde était : « Entendez-vous des voix alors qu'il n'y a personne autour de vous ? » On peut présumer que la présence physique des non humains ne compte pas comme entité (et que celle des humains dans un poste de télévision compte). Alors moi qui entend la voix de ma muse quand elle me donne les mots que j'écris serait une attaque contre moi. Le fait de recevoir l'aide des arbres quand j'atteins des parties très difficiles de mes livres en serait une autre. Peut-être que l'attaque numéro trois serait dans le fait que la nuit précédant le terrible accident de voiture qui a cassé le nez de ma mère et l'a rendue aveugle, j'ai entendu une voix me répétant sans cesse de rester à la maison ce jour-là ; et je ne l'ai pas écoutée, ce qui d'une perspective psychiatrique était parfaitement sain. Mais dans ce cas-là ma salubrité a couté la vue à ma mère et des décennies de douleur.
Voici ce que je sais. J'ai, moi-même, fait l'expérience consciente de la communication avec des êtres de l'autre côté. Ma muse est un être réel, pas une réification de processus inconscients. Il en est de même pour l'être qui me donne les rêves. Il y en d'autres que je connais, aussi. Et au-delà d'eux je n'ai aucune idée du nombre de ces êtres avec lesquels je communique quotidiennement, pas plus que je connais les êtres avec lesquels je communique quotidiennement et qui vivent dans mon corps (comme les bactéries et les trichuris trichuria vivant dans mes entrailles, les globules blancs parcourant tout mon organisme, etc).
Ce livre donne en partie une vision réfléchie de ce que signifie communiquer avec ceux de « l'autre côté », quelle que soit la façon dont nous pouvons conceptualiser cet « autre côté », ou plus précisément,  quelle que soit la façon dont « l'autre côté » existe vraiment. C'est aussi une tentative, comme presque tout mon travail, de défaire l'emprise que la pensée scientifique, matérialiste, linéaire a sur ce qu'on perçoit, pense, expérimente, et agis sur ( et non avec) le monde, et puis à travers nous l'emprise que la pensée scientifique, matérialiste, linéaire a sur le monde réel, physique en tant que  tel 3.
Au point où nous sommes avec cette culture en train de défaire le monde, nous avons désespérément besoin du peu d'aide que nous pouvons obtenir, quelles qu'en soient les sources. Je veux trouver qui sont ces entités vivant là-bas, de « l'autre côté », arriver à les connaître rien qu'un petit peu ( dans la mesure où elles veulent être connues ; je ne veux pas débarquer là où je ne suis pas bienvenu et reproduire le même vieux schème pornographique, patriarcal, scientifique en tentant de forcer les autres à se révéler s'ils ne veulent pas le faire), et s'ils sont intéressés (et je devine que certains le seront), leur demander leur aide. Parce que de plusieurs façons ce livre est une tentative désespérée de trouver plus d'alliés pour aider à stopper cette culture avant qu'elle ne tue la planète.
Dans les deux volumes de Endgame, j'ai explicitement exclu la possibilité d'une aide de cet « autre côté », pas parce que je croyais que nous ne pouvions recevoir d'aide de cet « autre côté », mais plutôt parce que, en toute franchise, tant de gens de cette culture sont insensés, et paresseux, et utiliseront n'importe quelle excuse dans le monde (et hors de ce monde) pour ne pas agir contre cette culture. Si j'avais même insinué la possibilité d'une aide venant de l'autre côté, bien des gens auraient répondu « Et bien, alors la Grande Mère prend juste son temps, quand elle sera prête elle nous sauvera tous. Donc je n'ai pas vraiment de bonnes raisons pour faire sauter ce barrage ou cette raffinerie, non ? D'ailleurs, si je faisais vraiment sauter ce barrage ou cette raffinerie, je salirais mes mains (et ma spiritualité), et nous ne voulons certainement pas ça, non ? » En gros, la plupart des gens de cette culture sont drogués à cette culture, intoxiqués par leur propre esclavage à cette culture, et pour avoir la chance d'atteindre un drogué, il faut – et je ne peux pas mettre trop d'emphase sur le « il faut » – ne laisser aucune échappatoire possible.
Je sais que la muse et le donneur de rêves m'aident bien plus que je peux en dire. J'ai des relations profondes et inscrites dans la durée. Et je sais qu'il y a d'autres ailleurs, aussi. Certains amicaux. Certains non. Je sais aussi qu'en ces temps troubles, beaucoup d'indigènes les ont appelés pour leur demander de l'aide.
Nous avons besoin de leur aide maintenant. Si c'est le cas que des peuples indigènes traditionnels sont en rapport constant avec des êtres de l'autre côté, et avec ces autres espaces-mêmes, alors ils font partie de chez nous, comme les arbres, les limaces, les pierres et les sols. Et ça fait longtemps que nous sommes retournés chez nous. Nous pouvons très bien trouver des amis et des voisins là, des amis et des voisins qui sont prêts à nous aider à défendre notre – et leur – chez nous.
Est-ce insensé d'écouter le monde naturel?
Vous jugez.
Mieux, mettez de côtés vos suppositions et vos tendances, et jugez par vous-mêmes. Faites votre propre décision basée sur votre propre expérience.





Dreams, préface, pp.IX-XIII.
Derrick Jensen (traduit en français par Les Lucindas).




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1  Il faut comprendre les humains les plus riches et les plus puissants : voir, par exemple, la façon dont le riche vole le pauvre, et le taux de viols commis par les hommes sur les femmes.
ndlt  Traduction pour dreamgiver.
2  Incluant les violences domestiques.
3  Cela dit, ce livre n'est pas un autre appel à nous libérer nous-mêmes des cages d'acier de la pensée rigide (la pensée rationnelle, celle de l'hémisphère gauche du cerveau, la pensée patriarcale, peu importe le nom que vous lui donnez), et s'ouvrir à la créativité. Il y a déjà pléthore de livres qui nous implorent de le faire, qui nous promettent tout, comme entre autre une vie sexuelle meilleure (« relâchez le pouvoir orgasmique de l'hémisphère droit ! », c'est moi qui l'ai fait, mais c'est convainquant, non?) une meilleure santé, des maux soulagés, des rêves plus doux, plus d'argent, des espaces de travail en entreprise plus productifs, des discussions avec vos ancêtres défunts, une projection astrale vous amenant à rencontrer vos potes dans l'espace onirique. Et ai-je mentionné une vie sexuelle meilleure ? (« Vous n'avez rien vécu si vous ne connaissez pas le sexe astral ! » c'est de moi aussi, mais vous pouvez voir quelqu'un payer 19.95 $ pour acheter un livre avec ce titre, non ? (Hmm, pense-bête perso : écrire une proposition pour un tel livre, l'envoyer à mon agent, attendre que Cosmopolitan et New Age Journal en publient des extraits, prendre l'appel de l'Oprah, et utiliser l'argent pour prendre sa retraite à la Riviera ou financer une révolution. Je pense que je vais prendre l'option B.)) Une vie sexuelle meilleure est une bien maigre consolation pour une planète en train d'être massacrée. Ce livre vise quelque chose de bien plus profond.