Star Wars


























Je suis allé voir Star Wars quand j'étais au lycée, ce qui semble la bonne période pour le voir. J'ai beaucoup aimé. Je n'ai pas été de ceux que se le sont visionné plus d'une centaine de fois. Je n'étais pas un nerd à ce point-là. Et puis, j'étais très occupé avec mes parties de Donjons et Dragons. Je l'ai revu récemment. Ce n'était pas aussi bon que dans mon souvenir. En fait c'est plutôt mauvais. Les personnages sont plats, les dialogues sont gna-gnan, le jeu des acteurs insignifiant. Mais j'aime encore la fin, quand Luke se souvient « d'utiliser la force » pour faire exploser l'Étoile de la Mort. ndlt
Pour ceux d'entre vous qui auraient oublié, l'Étoile de la Mort (selon le site internet officiel de Star Wars) « était le nom de code d'une arme incroyablement puissante et horrible développée par l'Empire. L'immense station spatiale transportait une arme capable de détruire des planètes entières. L'Étoile de la Mort était un instrument de terreur capable de soumettre les mondes félons par une menace d’annihilation. Alors que l'énorme station spatiale prouve que l'Empire Galactique est une force du mal, elle montre aussi la plus grande faiblesse du Nouvel Ordre – la croyance que la technologie et la terreur sont supérieure à la volonté des oppressés qui se battaient pour la liberté. » C'est assez intéressant tout ça, et bien sûr applicable à la discussion en cours : la civilisation comme Étoile de la Mort.

Le site internet dit aussi : « L'Étoile de la Mort était une station militaire de la taille d'une petite lune, avec un déploiement formidable de turbo-lasers et de projecteurs à rayons tracteurs lui donnant une puissance de tir deux fois supérieur à celle de la flotte Impérial. Dans son énorme intérieur se trouvent des légions de troupes impériales et de vaisseaux de combat, et aussi des bâtiments de détention et d'interrogatoires. L'Étoile de la Mort était sphérique et de couleur gris sombre. Sur l'hémisphère nord se trouvait un disque concave abritant la station du principal rayon laser... Dans le but de faire une démonstration brutale du pouvoir de l'Étoile de la Mort, Grand Moff Tarkin a visé le monde paisible de Alderaan. (La princesse rebelle) Leïa Organa, une captive impériale à ce moment-là, a été forcée à regarder l'explosion fulgurante du laser sur le monde qu'elle aimait, le transformant lui et ses populations en un débris de cendres en orbite. » Je ne sais pas si vous vous sentez d'un coup comme un être captif de l'empire, forcé à regarder le monde et sa population (humaine et non humaine) que vous aimez en train d'être transformé en un débris de cendres en orbite. Pour moi c'est le cas.

Le site internet continue, « Employant des données techniques dérobées, les tacticiens de l'Alliance (rebelle) ont été capables d'épingler une faille cruciale dans la construction de l'Étoile de la Mort. Un petit orifice d'échappement pour refroidir le rayon menait directement de la surface de la base au cœur de son colossal réacteur. Si l'on pouvait faire une brèche dans le conduit avec une torpille à protons, par une réaction en chaine on pouvait détruire la base. » 467  Nous savons tous ce qui s'est passé ensuite : en employant la force, et avec l'aide de han solo et de Chewbacca, ainsi que de l'esprit de Obi-Wan Kenobi, Luke Skywalker a été capable de lâcher une torpille à protons direct dans le conduit étroit, et de faire exploser l'Étoile de la Mort.  Une petite torpille de protons a détruit l'Étoile de la Mort. Cela serait un bel exemple d'amplification de sa puissance en employant un levier bien placé. Dans notre cas, pour filer la métaphore, où placerions-nous la charge ?  Où se trouve le bon orifice de refroidissement ?  Comment pourrait-on amorcer une réaction en chaine qui causera l'autodestruction de l'Étoile de la Mort avant la nôtre ?

Vous savez, n'est-ce pas, que ça n'était pas la fin du film, à l'origine. J'ai entre les mains un avant projet très rare du script de Star Wars, qui n'avait jamais été publié auparavant. 468   Cela peut vous surprendre, mais ces premières ébauches ont été écrites par des environnementalistes. 469  Dans cette version, les rebelles, bien sûr, ne font pas exploser l'Etoile de la Mort, mais à la place préfèrent employer d'autres tactiques pour ralentir la marche intergalactique de l'Empire. Par exemple, ils mettent en place des programmes pour les habitants des planètes sur le point d'être détruites leur permettant de produire des articles de luxe comme des bootbags en chanvre, et du café gourmet pour le vendre aux habitants de l'Étoile de la Mort. L'audience découvrira également qu'il y avait des plans en cours pour encourager des tas de soldats et autres citoyens de l'Empire à se payer des éco-tours pour visiter les planètes condamnées. Et dans un retournement surprenant qui collera les spectateurs sur leur siège, d'autres groupes rebelles portent plainte contre l'Empire, pour tenter de montrer que la déclaration de Dark Vador sur l'impact environnemental appuyant sa décision comme quoi faire sauter les planètes n'aura pas d'impact significatif, n'est pas valable. Les spectateurs se laisseront transporter par les projets trépidants de boycott sur des produits issus des entreprises qui comptent Dark Vador parmi leurs décisionnaires, et vont faire trembler les sols de toutes les salles obscures quand ils vont voir des sacs remplis de lettres adressées directement à M.Vador lui-même, lui demandant de bien vouloir ne pas faire sauter d'autres planètes. (il y a une note d'un des scénaristes dans la marge: « Pour être plus précis, quand nous montrons des exemples de ces lettres, il est impératif que ces lettres adressées à M.Vador soient respectueuses et courtoises, et qu'elles soulignent la nécessité de trouver des solutions de coopération aux divergences entre les rebelles et l'Empire. Il n'est pas possible que les lettres puissent mettre M.Vador en colère ou dans de mauvaises dispositions. Si les lettres énervent M.Vador, la campagne de lettres adressées au Grand Moff Tarkin par les rebelles risquerait d'échouer aussi. ») D'autres plans incluent des pétitions et des suivis de procès.
Maintenant vous et moi savons que tout ceci devrait suffire non seulement à mettre l'Empire à genoux, mais aussi à faire une bête de film. Mais il y a plus. Des milliers de rebelles renégats, mécontents de ce qu'ils perçoivent comme des flagorneries de la part des rebelles, décident, dans une scène garantissant effusions de larmes même chez les spectateurs les plus durs à cuire, de rester sur les planètes qui vont être détruites en se tenant les mains (ou, dans certains cas, les tentacules) et en chantant « Donner une chance à la paix ». Ils envoient des DVD à Dark Vador et son chef Grand Moff Tarkin, à qui ils envoient également des vagues et des vagues d'amour. Quelques rebelles se faufilent à bord de l'Étoile de la Mort et s'enferment dans diverses salles d'équipement. (Plus avant dans l'avant-projet du film, les scénaristes ont inclus une longue scène montrant les entraînements intensifs aux actions de communication non violentes précédant l'engagement chez les rebelles. La plupart des scénaristes, par ailleurs, les avaient à l'origine appelé armée rebelle, mais plusieurs d'entre eux avaient objecté que ce nom avait des connotations violentes. Il y a eu ensuite « la force rebelle », mais ce fut tout autant contesté. Dans tous les cas la scène nuancée d'entraînement aux actions non violentes a été abandonnée dans les projets ultérieurs et l'infâme (et horriblement violente) scène de la Cantina, fut mise en place de façon incompréhensible pour certains. 470   Des débats passionnés entre rebelles sont mis à l'écran, concernant si oui ou non ils devraient se rendre volontairement à l'approche des troupes, ou s'ils devaient restés enfermés jusqu'à la fin. Dans une brillante et courageuse touche d'authenticité, les rebelles ne sont jamais arrivés à un consensus.
Les scénaristes eux-mêmes sont entrés dans un débat si oui ou non les soldats devaient décapiter à l'écran les rebelles qui s'étaient enfermés, avec un scénariste affirmant qu'il fallait plutôt montrer explicitement les rebelles capturés vivants et amenés aux interrogatoires : « ce qui montrerait, avait-il annoté, ou même impliquerait le fait que les soldats commettraient de toute façon ces actes de violence, en réponse à ces défis manifestes à leur autorité, puisque les rebelles avaient envahi leur espace et commettaient des violences envers leurs machines en interférant avec le règlement d'usage de ces machines, ce qui enverrait absolument un mauvais message aux spectateurs, et donnerait une mauvaise impression aux intentions ultimement paisibles de M.Vador ».
Une fois à l'intérieur de l'Étoile de la Mort, une fraction dissidente se forme pour s'y enfermer. Ils se ruent dans les couloirs, arrivant à esquiver les myriades de soldats. Ils brûlent quelques vaisseaux de transport, et utilisent des produits chimiques pour graver l'inscription : « Front de Libération de la galaxie » sur les murs de l'Étoile de la Mort. Ce groupe s'échappe miraculeusement et retourne sur les planètes destinées à la destruction où les manifestants pacifistes les capture pour les livrer aux soldats. Les commentaires de ce même scénariste sont : « Non seulement c'est vital, une fois encore, que le bon message soit donné aux spectateurs en montrant ces rebelles dans la position de devoir prendre les responsabilités de leurs actions, mais ce serait aussi terriblement irréel d'attendre de la part de ces pacifistes de cautionner ces actions car cela donnerait simplement la bonne excuse pour Dark Vador de faire exploser les planètes. Les hooligans irrespectueux doivent être livrés sur le champ et sans discussion à l'Empire. »
Vers la fin du film, un débat se tient parmi les rebelles. (Un problème que j'ai eu avec ce scénario environnementaliste était qu'il y avait trop de débats et pas assez d'actions. 471)  Alors que l'Étoile de la Mort s'avance, de plus en plus menaçante, les rebelles se décident à prendre les armes pour se battre. Ces rebelles sont pour la plupart descendus par les pacifistes, qui se justifient en disant que attaquer les dirigeants de l'Étoile de la Mort est « juste un autre exemple de la philosophie agressive de l'Empire. » Ils déclarent que les rebelles qui veulent riposter par les armes sont simplement cooptés par le besoin de contrôler les choses. Si nous voulons changer Dark Vador, nous devons d'abord devenir le changement. Pour changer le cœur de Dark Vador, nous devons d'abord changer le nôtre. Nous devons par dessus tout avoir de la compassion pour Dark Vador, et garder en tête que lui aussi, un jour, a été un enfant. Un scénariste a mis dans la marge : « Excellent ! Cela fera surement mouiller les joues de tous les gens sensibles de la planète ! » Il n'a pas fait mention s'il y aurait des larmes de frustration. Finalement Leia, Luke, han, Chewbacca et un couple de robots apparaissent et disent aux autres qu'ils ont trouvé un moyen de faire sauter l'Étoile de la Mort. Le reste des rebelles – même ceux qui étaient au début en faveur d'attaques chirurgicale visant à faire « bouger » l'Étoile de la Mort – sont horrifiés. Ils font remarquer que faire exploser l'Étoile de la Mort se fera rien pour changer les cœurs et les esprits de ceux qui l'ont créée, et n'accomplira donc rien. Han Solo rétorque, « Cela empêchera l'Étoile de la Mort de détruire cette planète. » Les rebelles sont fermés. Ils rappellent aux quatre indisciplinés que l'Étoile de la Mort a une équipe de 265675 plus 52276 tireurs, 607360 soldats, 25984 soldats des sections d'assaut, 42782 personnes travaillant sur l'entretien des vaisseaux et 167216 pilotes.472 Chacune de ces personnes sur l'Étoile de la Mort a une famille. Voulez-vous faire des orphelins ? Les pacifistes eux-mêmes commencent à pleurer. (Ce même scénariste commente : « Si ça ne tire pas des larmes des conduits lacrymaux des spectateurs, je ne sais pas ce qui pourrait le faire alors ! ») Ils disent, en sanglotant, « Vous ne pouvez pas faire sauter l'Étoile de la Mort. Et les ingénieurs retenus prisonniers ? Et les cuisiniers ? Et ceux qui travaillent dans les galeries marchandes ? Et ceux qui ont rejoint l'armée de l'Empire pour pouvoir bénéficier d'études supérieures ? Vous – Leia, han, Luke et Chewbacca – vous êtes sans cœur et cruels. »
Dans la scène finale très excitante de la version environnementaliste, une bagarre éclate entre Leia, han, Luke et Chewbacca d'un côté, et les pacifistes de l'autre. A la fin les pacifistes chassent les quatre de la pièce et du film. On ne les voit plus jamais, ce qui n'est pas vraiment important car dans cette version ce sont des personnages secondaires de toute façon. L'Étoile de la Mort s'approche de plus en plus. Les spectateurs se bouffent les ongles alors qu'ils attendent de voir si les lettres, pétitions et procès fonctionneront par magie. Ils voient des lasers à l'intérieur de l'Étoile de la Mort se préparant à la destruction. Ils diffusent la lumière rouge de l'enfer. Les caméras se tournent vers les planètes visées. Soudainement une acclamation s'élèvera de l'audience en voyant un petit point brillant au loin, émergeant de la surface de la planète et s'éloignant dans l'espace. « Oui ! Rugiront-ils, » alors qu'ils apprendront que tous les intrépides contestataires environnementalistes ont pu s'enfuir de la planète juste avant qu'elle explose !
Coda : L'image finale du film, montrant à quel point ce triomphe fut ardu pour les rebelles, sera sur un article dans un coin au fond à gauche de la page 43 du New Empire Times consacré en trois phrases à la destruction de la planète.  Oui, on a parlé des contestataires dans la presse ! 473






 Endgame, "star wars", pp.447- 451.
Derrick Jensen  (traduit en français par Les Lucindas)






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ndlt appelée aussi l'Étoile Noire selon les modèles
467 Star Wars, http://www.starwars.com/databank/ (accès le 23/04/2004)
468 Bien sûr, je raconte des histoires.
469 Cette version n'existe pas.
470 Ils avaient aussi changé le titre en «
Protest War ».
471 C'était un exemple de mimétisme artistique.
472
Star Wars, http:// starwars.com/databank/location/deathstar/?id=eu (accès le 24/04/2004)
473 C'est une blague, il n'y a pas de scénario !







  ECOUTER:    (en anglais)

Derrick Jensen at the Energy Solutions Conference, 
NYC April 2006 (April 29, 2006).
Entendu sur  http://submedia.tv/endciv/2009/06/24/government-of-occupation/ 
et http://www.archive.org/details/Derrick_Jensen_NYC_Peak_Oil 








Sabotage






















Si nous voulons parler de faire tomber la civilisation, nous avons besoin de parler de point d'appui, de pivot. 367
Si vous vous souvenez, Archimède a dit quelque chose sur l'effet « donnez-moi un levier assez long et et un endroit stable et je peux faire bouger le monde. » Et bien, il a été concis ; en insistant sur la longueur du levier et sur la stabilité de l'endroit, il a mis de côté l'autre composant crucial du levier : le pivot. Archimède pouvait avoir la planche la plus longue et la plus solide de tout l'univers, et l'endroit le plus stable sur lequel s'appuyer, il n'aurait pas pu tirer profit de sa force sans ce point de pivot.
L'objectif d'un levier est de transmettre ou de modifier (souvent d'amplifier) la puissance du mouvement. Je peux plier du métal avec un pied-de-biche, je ne pourrais pas le faire avec la seule force de mes muscles. Je peux casser des noix avec un casse-noix, et porter des poids très lourds avec une brouette.
Qu'est-ce que cela a à voir avec le fait de faire tomber la civilisation ?
Tout.
Tant que la culture dominante est encore dominante – par là je veux dire tant que sa mentalité d'exploitation domine sur ce qui reste du cœur et de l'âme de ceux qui font marcher cette culture – il y aura toujours un nombre disproportionné de gens qui voudront tuer pour la perpétrer (pour gagner ou maintenir le pouvoir, ou la promesse d'un pouvoir, associé avec le fait d'exploiter 368) comparé au nombre de ceux qui veulent protéger la vie. Encore et toujours cette phrase de Jefferson revient : « Dans la guerre, ils auront à tuer certains d'entre nous ; nous aurons à les détruire tous. » Et ceux qui veulent, qui sont prêts, et qui ont la plupart du temps soif de détruire ceux qui menacent l'hégémonie de ceux au pouvoir incluent souvent les armes engagées: ceux au pouvoir dans le monde entier possèdent environ 20 millions de soldats et 5 millions de policiers à leurs ordres. Aux États Unis, ces chiffres sont d'environ 1.4 million de soldats et 1.4 millions de policiers (1/3 sont des gardiens de prison), les fonctions premières sont d'employer la violence ou la menace pour servir ceux au pouvoir. Pire encore, nous nous sommes tous autorisés à devenir convaincus de la vertu du Prémisse Quatre de ce livre : que la violence va dans une seule direction, que c'est correct et juste pour les serviteurs du pouvoir de tuer dans ce cadre ( et bien sûr c'est typique des dirigeants de déclarer inévitablement que ces meurtres inévitables sont regrettables), et que c'est blasphématoire pour le reste d'entre nous de riposter. 369
Ceci est aussi vrai pour le puma qui riposte contre ceux qui souhaitent détruire son lieu de vie que pour les humains qui ripostent contre ceux qui souhaitent détruire leur lieu de vie.
Tout cela n'est qu'un détour pour dire que ceux au pouvoir ont le luxe d'employer ce pouvoir de façon inélégante. Ils peuvent, et le font souvent, nous accabler avec une force brutale. (« choquer et impressionner » sont les termes que l'on préfère couramment employer.) Ceux d'entre nous qui se battent pour la vie, par contre, ont besoin d'apprendre comment et où ils peuvent trouver les pivots appropriés pour amplifier nos efforts.
(…)
Si nous voulons parler de pivot, nous avons aussi besoin de parler de goulets d'étranglement. Quiconque a déjà conduit sur une autoroute sait précisément ce qu'est un goulet d'étranglement. Vous roulez tranquille à 110 km/h sur une six voies. Vous arrivez au sommet d'une colline et vous pilez parce que la personne devant a freiné et que la personne devant elle a fait de même. Le trafic ralentit et on roule au pas. Les gens commencent à changer directement de voie, pour trouver celle qui leur fera gagner trois minutes pour sortir de ce merdier. A la fin les gens se rendent compte qu'il faut se mettre sur la voie centrale (vous vous en rendez compte 10 secondes après vous être mis sur la voie de gauche tandis que trois voitures se sont faufilées dans la voie centrale). Au bout d'un moment vous découvrez la raison de tout ça: une voiture s'est crashée dans la voie de gauche et une voiture de police s'est posée sur la voie de droite. Un peu plus tard vous accélérez jusqu'à rouler 4 km/h au-dessus de la vitesse limite, mais avec ces 40 minutes d'embouteillage, vous avez fait l'expérience tant appréciée des automobilistes du goulet d'étranglement. Un exemple de plus. Prenez un tuyau (ou un oléoduc). Tordez-le (ou coupez une station de pompage) dans un endroit, l'eau, ou le pétrole ne coulera plus. Goulet d'étranglement !
Maintenant, quelles sont les applications à une échelle plus large ?
Albert Speech, le ministre de l'Armement pour le IIIème Reich, a commenté plus tard que les bombardements alliés auraient pu être plus efficaces s'ils avaient ciblé plus de goulets d'étranglement. Un petit exemple de cela, quand les Alliés ont bombardé des usines de tracteurs, les Allemands n'ont pas été capables de produire des moteurs pour les chars et les avions jusqu'à ce que les usines soient reconstruites, mais quand les Alliés ont bombardé les usines de roulements à billes, cela a entravé leurs reconstructions d'usines. On a besoin des roulements à billes pour construire des usines de production. Les roulements à billes étaient le goulet d'étranglement pour ce processus.
Voici un exemple où les Alliés n'ont pas frappé de goulet d'étranglement : le bombardement de Hambourg, qui a tué des dizaines de milliers de gens et a détruit une grande partie de la ville, ce qui a coûté moins de mois de production. 377 Comme ils n'ont pas ciblé de goulet d'étranglement, les bombardements alliés n'ont réduit la production allemande que de 9% en 1943, et en construisant de nouvelles usines, les Allemands ont surexploité les usines qui n'avaient pas été touchées et ont dévié les productions destinées à la consommation des citoyens à des fins militaires, de la sorte, ils ont pu atteindre leurs objectifs de production. 378
Mais en fait les roulements à billes sont des cibles bien peu importantes si l'on considère les réseaux de transports, par exemple, qui sont des goulets d'étranglement bien plus pertinents. A la fin les Alliés ont pu détruire environ les 2/3 du réseau ferroviaire allemand. 379 Une analyse américaine a montré plus tard que les difficultés que cela avait causées pour les Allemands à transporter des matières premières et de biens manufacturés ont fait que les attaques des voies ferrées ont été « la cause la plus importante de l’effondrement final de l'économie allemande. » 380
Nous savons tous (et Hitler le savait aussi) que le pétrole est un autre goulet d'étranglement. 381 Vous pouvez posséder les chars les plus puissants du monde, sans carburant, ce ne sont que des gros tas d'acier. Sans pétrole vous n'avez pas d'armée moderne. Purée, sans pétrole, vous n'avez pas de civilisation moderne. Gardez ça en tête. (…)
À présent qu'il est clair pour nous qu'il existe beaucoup de goulets d'étranglement, et qu'avec un peu d'imagination on peut les trouver, en voici un autre de la 2ème Guerre Mondiale: les diamants industriels. Les meulages et les forages industriels sont quasi impossibles sans les diamants. Les Nazis, qui en possédaient un stock pour huit mois, et DeBeers, qui en contrôlait la distribution mondiale, le savaient. DeBeers aurait pu agir pour les stopper – et ainsi effectivement stopper la production de guerre, ce qui auraient signifié stopper la guerre – mais il n'en a rien fait.
Une nouvelle question arrive : quels sont les goulets d'étranglement de la civilisation ?
Quels en sont les facteurs limitatifs ? Comme les réseaux de transport, le pétrole et les diamants industriels pour les Nazis, quels sont les objets et les processus, qui si ils sont proscrits, pourraient faire stopper la civilisation ?
De même, où pouvons-nous trouver des goulets d'étranglement, les point pivots, pour amplifier nos efforts ? Où devons-nous mettre les leviers, qu'utiliserons-nous comme goulets, comment et quand et jusqu'à quel point pouvons-nous pousser cette culture de mort à tomber ?
Est-ce que ces goulets sont psychologiques ? J'entends tout le temps qu'il ne serait pas bon de faire sauter les barrages, par exemple, parce que ça laisserait intacte la mentalité qui les a construits en premier lieu. Nous avons besoin de changer les cœurs et les esprits, on m'a dit, et quand ils seront autres tout rentrera dans l'ordre. La civilisation disparaitra car les gens ne seront plus assez insensés pour en vouloir.
Mais peut-être que cette question est trop vague. Quels cœurs et quels âmes cherchons-nous à atteindre ?  (…)
Les leviers sont-ils spirituels? (...) Où plaçons-nous les leviers pour aider les gens à se souvenir qu'ils sont des êtres humains habitant des terres, qu'ils sont animal ?
Ces leviers sont-ils personnels, de sorte que, enlever telle ou telle personne (comme Hitler), causerait un changement tangible ? (…)
Dans le cas où ce ne serait tel ou tel PDG, mais plutôt la position de PDG – où les structures sociales feraient que la plupart des gens qui embrasserait cette position de PDG partagerait cette même façon de voir mortifère qui fait commettre tant d'atrocités – où placer alors les leviers et les goulets?(...) Où sont les leviers pour stopper ce genre de personnes, d'institutions ? Où sont les goulets d'étranglement ?
(…)
Ou peut-être, et c'était également vrai pour les Nazis, certains leviers sont liés aux infrastructures. On cite souvent John Muir : « Dieu a pris soin de ces arbres, les a sauvés de la sècheresse, de la maladie, des avalanches, et de milliers de tempêtes et d'inondations. Mais il ne peut pas les sauver des imbéciles. » (…) Il faut un bon nombre d'imbéciles pour abattre un arbre , et si nous coupons la chaine d'infrastructures à n'importe quel point, ils ne seront plus capables de le faire.
La même chose est vraie, bien sûr, pour le reste des activités destructrices de cette culture, de la vivisection à l'élevage intensif, à la pêche intensive, au bétonnage intensif, à l'irradiation de la planète: tout ce qui participe aux activités destructrices de cette économie requiert une énorme quantité d'énergie et un support économique, structurel, militaire et policier global pour accomplir ses desseins.  Si un de ses supports tombe – et je veux souligner, si n'importe lequel de ces supports tombe – les activités destructrices seront enrayées. Où plaçons-nous nos leviers ?
Ou peut-être que ces leviers sont tout ça à la fois. Peut-être que de changer le cœur des gens a un sens. Peut-être en est-il de même pour les autres, et peut-être devrions-nous les poursuivre tous, selon nos dons, nos productions et nos opportunités.
Le bilan en ce qui concerne les leviers et les goulets d'étranglement: que nous faudra-t-il entreprendre pour stopper cette culture de mort avant qu'elle ne tue la planète ?





Endgame, "Leviers", pp.389-394.
Derrick Jensen  (traduit en français par Les Lucindas)



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367 Fulcrum, fulcra, pour les latinistes en herbe.
368 La manière la plus commune est de vouloir amasser de l'argent, mais il en existe plein d'autres.
369 Ou même juste de parler de riposter.
377 Hasting, Max, Bomber Command, Touchstone, NYC, 1979, p.227.
378 Ibid.
379 Keegan, John, The Second World War, Viking Penguin,NYC, 1990, p.430.
380 The Effects of Strategic Bombing on the German War Economy
         The United States Strategic Bombing Survey, Overall Economic Effects Division, 31 octobre 1945, p.13.
381 Comme l'étaient les raffineries de carburant pour l'aviation : pas d'avions, pas de défenses aéroportées. 
         Cf. Dowling, Nick, http://www.historic-battles.com/Articles/can_the_allies_strategic_bombing.htm 
         (accès le 5/03/2204).





La joue gauche ou le poing ?

























Une grosse dispute a éclaté récemment au sein du groupe de discussion Derrick Jensen, entre ceux qui pensent qu'on doit faire tomber la civilisation maintenant par tous les moyens nécessaires – et ils veulent vraiment dire par tous les moyens nécessaires – et ceux qui « ne cèderont pas », pour reprendre leurs mots, sur le fait qu'il ne faut pas que du sang humain coule, et spécialement, pour reprendre là encore leurs mots, du sang « innocent ». Les membres de ce camp affirment – encore et encore – que si seulement nous ressentions suffisamment de compassion pour ceux qui sont en train de tuer la planète, ils seraient éblouis par le reflet de notre amour lumineux et généreux, et en viendraient à comprendre leurs erreurs et à cesser cette destruction stupide. (…)

Je vais vous parler de la partie de cette discussion que j'ai trouvé la plus intéressante: j'ai imaginé les milliers de discussions quelque peu similaires – certaines même plus animées que celle-ci – tenues dans des milliers de feux de camps et dans des milliers de maisons par les membres de centaines ou de milliers de tribus indigènes alors qu'ils s'efforçaient (et s'efforcent) de trouver des stratégies et des tactiques qui sauveraient (et sauveront) leur vie et leur façon de vivre. Je les vois autour du feu dans des forêts en Europe, se préparant à affronter les phalanges grecques ou plus tard les légions romaines ou encore plus tard les prêtres et missionnaires ( et encore plus tard les marchands et les commerçants : ceux qui s'appelleraient aujourd'hui les hommes d'affaires et les spécialistes en ressources) qui portaient le même message: soumettez-vous ou mourrez. Je les vois dans les forêts et les plaines de Chine en train de choisir s'ils doivent se battre contre une civilisation invasive – il y en a-t-il d'une autre sorte? – ou se retrouver dépossédés, étant donné ce même choix, être assimilés ou mourir. Ou peut-être ont-ils fui, encore et encore, à chaque fois chassés par cette soif insatiable de la civilisation pour les terres, pour le contrôle, pour l'expansion, à chaque fois chassés vers les terres des autres, des indigènes. Ou bien leur choix a-t-il été de simplement disparaître (…).

Il est à noter que j'ai dit que les disputes au sein du groupe de discussion Derrick Jensen étaient en quelque sorte similaires à celles que j'imagine avoir été tenues par d'innombrables indigènes. Il y a plusieurs différences significatives.

La première bien sûr est que les conversations parmi les indigènes ont pris (et prennent) place au sein de communautés opérationnelles et non civilisées, c'est-à-dire de peuples libres, qui ne sont pas esclaves. Il y a tout un monde de différences entre des hommes et des femmes libres (…) en train de décider s'il faut se battre pour sauver leur liberté, s'il faut se battre pour ne pas être réduit en esclavage; et des esclaves en train de décider s'il faut se battre pour (re)trouver une liberté qu'ils n'ont jamais connue. Ces derniers ne seront pas amenés à se battre, parce que leur défaillance, leur expérience, l'état par lequel les autres ont été jugés, relèvent de la soumission. Ils le respirent depuis leur enfance, l'ont bu du sein de leur mère, l'ont consommé à table et appris de leur père. Gagner sa liberté est dans ce cas le fruit d'une longue et dure série d'actions conscientes et volontaires, beaucoup d'entre eux affronteront non seulement leurs propriétaires mais aussi probablement et de façon plus efficiente leur sujétion d'esclave, la myriade d'intériorisations des désirs et des besoins (et des psychoses) de leurs propriétaires, et de manière encore plus efficace tous les chemins qui les ont menés à accepter le statu quo, la défaillance, l'existence du système de l'esclavage qu'on leur présente comme étant tout sauf un système d'esclavage.
Et ceux qui sont encore moins à même de se battre en tant qu'esclaves sont ceux qui ne perçoivent même plus leur asservissement. C'est ceux qu'on appellerait aujourd'hui les gens normaux. (…)
Ce n'est pas trop de dire que la plupart d'entre nous ne peut pas appréhender ce que c'est de vivre libre.(…)
J'ai pu remonter une partie de ma généalogie jusqu’à plusieurs centaines d'années, et bien que je puisse compter parmi mes parents un secrétaire d'Etat américain (William Seward) et un membre de la famille royale danoise, je ne vois pas un seul homme ou une seule femme libre. La liberté est bien loin de couler dans mes veines, d'informer mes cellules et de communiquer avec chacun de mes pas et de mes souffles, et si je souhaite être libre je dois m'efforcer de virer chaque goutte de sang d'esclave que je trouve, filtrer et contrer tout ce que la culture m'a appris: comment me soumettre, comment ne pas faire de vagues, comment craindre l'autorité, comment avoir peur de percevoir ma soumission comme telle, comment avoir peur de mes sentiments, comment avoir peur de percevoir le meurtre de ceux que j'aime comme étant le meurtre de ceux que j'aime (ou peut-être devrais-je dire le meurtre de ceux que j'aimerais si on ne m'avait pas appris, aussi, à avoir peur d'aimer), comment avoir peur de stopper par tous les moyens nécessaires ceux qui sont en train de tuer ceux que j'aime, comment avoir peur et détester la liberté, comment chérir et compter sur des structures morales insanes incrustées dans mon crâne depuis que je suis né. (…)
Une autre façon de dire tout ça, est que la différence entre la conversation du groupe de discussion Derrick Jensen et celles qui ont eu lieu autour des feux de camps réside dans le fait que la plupart des participants autour des feux de camps n'étaient probablement pas insensés. On ne peut pas dire la même chose, et c'est triste, du reste d'entre nous. (…)
La bonne nouvelle est que par delà - et en dessous - ces plusieurs milliers d'années d'inculcation dans cette culture d'esclavage, nos corps portent dans leurs profondeurs les mémoires de cette liberté qui est notre droit imprescriptible à tous, que nous soyons animaux, plantes, roches, rivières ou n'importe quoi d'autre.

Une autre différence entre les conversations du groupe de discussion et celle menées par les indigènes est que les premières ont été menées dans un « espace internet », ce qui signifie dans aucun espace, au contraire extrait de tout espace, de nos corps, des uns des autres.
De plus, la plupart d'entre nous aujourd'hui n'a jamais connu la vie dans une communauté naturelle saine.  Nous sommes tous nés dans un monde de fractures, un monde en train d'être assassiné, et nous ne connaissons tout simplement pas ce que ce sera d'être les bénéficiaires et les partenaires bienvenus  d'une création en cours qu'est la vie quotidienne d'une forêt, d'une rivière, d'une montagne, d'un désert etc. (…)
Pour le dire autrement, nous avons depuis longtemps gâché notre équilibre mental, nous avons oublié depuis longtemps ce que ça fait d'être libre, la plupart d'entre nous n'a aucune idée de ce que c'est que de vivre dans le monde réel.(...)
Bien, nous savons tous à présent que les civilisés se sont profondément incrustés dans tous les coins et recoins. Nous avons déjà parlé du nombre de soldats et de policiers à disposition des dirigeants. Et nous ne pouvons omettre les technologies comme la vidéo surveillance, les banques d'ADN, les drones, les puces RFID, et tout ce qui va augmenter le contrôle de ceux qui sont au pouvoir. D'une certaine manière, nous aurons besoin d'un niveau bien plus élevé pour stopper la civilisation que de ce dont nous aurions eu besoin deux cents ans plus tôt.
C'est la mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle est que nous n'en aurons peut-être pas besoin. La civilisation, dans son rythme effréné vers la standardisation et le besoin absolu de détruire toute diversité, s'est rendue extrêmement vulnérable à certaines formes d'attaques. Tout système reposant sur la diversité a par définition très peu de goulets d'étranglement, et ces derniers ont un rôle bien moins crucial: la diversité crée des alternatives et entraine l'adaptabilité. Si pour certaines raisons les saumons n'arrivent pas à revenir, les Tolowa devront alors manger plus de wapitis, de crabes et de lamproies. Les systèmes standardisés, bien qu'ils soient en apparence plus efficaces, de par leur nature sont plus susceptibles d'avoir des goulets d'étranglement qui sont bien plus contraignants. Aujourd'hui, s'il n'y a plus de pétrole, les gens qui occupent le territoire des Tolowa mourront de faim: les saumons, les wapitis, les crabes et les lamproies ont disparu, et avec eux le savoir sur la manière de trouver de la nourriture par soi même.454  De plus, une économie globalement interdépendante sera, encore par définition, sujette à bien plus de goulets d'étranglement. Souvenez-vous du nombre d'imbéciles qu'il faut pour couper juste un gros arbre. Cassez un maillon de cette chaine d'imbéciles (chaine d'approvisionnement) et les chaines des tronçonneuses se tairont.
Pour tout ce florilège d'ingénierie de surveillance et de bombes anti-bunker, pour toute cette propagande continuellement émise dans nos maisons et dans nos cœurs, pour tout cet énorme complexe carcéral en cas où les systèmes de propagande échouent, tout le système entier est, comme nous allons l'explorer dans le volume II, bien plus vulnérable qu'à l'époque de Tecumseh, et que toutes les époques depuis son commencement. Dans son empressement à détruire et contrôler le monde, la civilisation nous a donné des leviers, et nous a montré des points d'appui très bien placés et très solides. Dans le cas où vous vous posez des questions, c'est bien sûr une très bonne chose.





Endgame, "Devrions-nous nous défendre?", pp.427-440.
Derrick Jensen  (traduit en français par Les Lucindas)





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454  Ce n'est pas merveilleux de vivre à un si « haut degré de développement social et culturel »?






L'Empathie et ses autres -2-






















(…) Lundy Bancroft, ancienne co-directrice d'Emerge, le premier programme national de thérapie pour les hommes violents, écrit dans son livre Pourquoi fait-il ça? Dans l'Esprit des Hommes colériques et manipulateurs,
« D'une manière générale, un homme abusif œuvre comme un magicien. Ses tours consistent en grande partie à vous faire regarder dans la mauvaise direction, à distraire votre attention de façon à ce que vous ne remarquiez pas où se trouve son action réelle... Il vous amène dans un dédale tortueux, et fait de votre relation un labyrinthe de zigzag et de virages. Il veut que vous vous preniez la tête sur lui, comme s'il était une machine merveilleuse mais cassée dont vous devez trouver la panne pour y remédier et l'amener à bien fonctionner. Son désir, bien qu'il ne l'admette pas lui-même, est que vous vous cassiez la tête dans cette voie de façon à ce que vous ne remarquiez pas quels sont les modes et la logique de son comportement, que la conscience reste derrière la folie. »426


Comme j'ai essayé de le montrer dans A Language Older than Words et The Culture of Make Believe, presque tout dans la civilisation nous éloigne de la capacité à penser clairement et à ressentir.
 Et si nous étions capables de le faire, nous ne permettrions pas à ceux au pouvoir de tuer le monde, de tuer nos voisins non humains, de tuer les humains que nous aimons, de nous tuer.  Et une fois que nous avons été pliés à ce mode de pensée qui n'est pas la pensée, à ce mode de ressenti qui n'en est pas un, la culture n'a pas besoin de faire plus pour continuer à nous confondre. Nous continuerons à nous confondre nous-mêmes dans toute cette non pensée et tout ce non ressenti.
 Nous le faisons volontiers, parce que si nous ne nous confondions pas, si nous nous permettions de penser d'une manière qui serait réellement de la pensée, et de ressentir d'une manière qui serait réellement du ressenti, nous comprendrions soudainement que nous pouvons stopper ces horreurs qui nous entourent, et nous comprendrions soudainement ce que nous avons besoin de faire dans le but de stopper ces horreurs – les problèmes ne relèvent pas d'un défi cognitif – et nous commencerions à le faire.





Endgame, "L'Empathie et ses autres", pp.423-424.
Derrick Jensen  (traduit en français par Les Lucindas)




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426   Bancroft, Lundy, Why Does He Do that? Inside the Minds of Angry and Controlling Men, Berkley Books, NYC, 2002, p.21.