Introduction: la suprémacie humaine
Je
suis assis au bord d'un étang, sous la lumière du soleil qui a
l'inclinaison et la couleur d'un début d'automne. Le vent souffle
sur les cimes des arbres de la forêt secondaire, sequoias,
cèdres,sapins, aulnes, saules. Des bourdonnements s'agitent dans les
joncs, les buissons, les herbes, et tournent la tête ici et là. La
soie d'une araignée scintille. Une libellule stagne au-dessus de
l'eau pas loin de moi, et puis soudainement monte se percher sur un
buisson.
Une
famille de geais se cause.
Je
sens cette odeur caractéristique, légèrement âcre du sequoia et
sens simultanément l'odeur
tout aussi caractéristique, bien que totalement différente, de mon
propre corps animal.
Un
petit passereau, je ne sais lequel, apparait sur ses deux pattes au
bord de l'eau. Il s'arrête, fait quelques mouvements de tête, puis
picore le sol.
Un
mouvement attrape mes yeux, et je vois des épines de sequoia tomber
doucement par terre. Çà a aidé l'arbre. A présent ça aidera le
sol.
Un
jour je vais mourir. Et vous aussi, un jour. Un jour nous deux vous
et moi et nous nourrirons - bien plus que nous le faisons maintenant,
à travers notre peau, à travers nos excrétions, a travers d'autres
moyens - ces communautés qui nous ont nourris. Et là, maintenant,
au milieu de cette beauté, toute cette vie, tous ces autres - jonc,
saule, libellule, araignée, sol, eau, vent, nuages - il semble que
c'est non seulement manquer de générosité mais aussi de
reconnaissance que de jalouser le don présent et futur de ma propre
vie à ces autres sans qui ni moi ni cet endroit serions ce que nous
sommes, sans qui ni moi ni cet endroit ne serions.
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