Qu'allez-vous faire de cela?
De la même manière, nous pouvons lire l'histoire passée de la culture comme un prologue.
« La civilisation a pour origines, comme dit Stanley Diamond que j'ai cité auparavant, la conquête des terres étrangères et la répression à la maison. »
Donc nous pouvons nous demander : la civilisation et le civilisé commettront-ils des génocides?
Pour répondre, nous pouvons d'abord demander: où sont les indigènes du Moyen Orient, de la Méditerranée, de l'Europe, de l'Afrique? Où se trouvent les communautés indigènes intactes, qui n'ont jamais été menacées, en existe-t-il quelque part? (…)
Ensuite : la civilisation et les civilisés commettront-ils des écocides?
Pour répondre, demandez simplement: où sont les forêts du Moyen Orient, de l'Asie, de la Méditerranée, de l'Europe, de l'Afrique? Où sont les biomasses intactes de ces lieux? A quel point devons-nous être stupides ou délirants pour attendre une quelconque diminution magique de cette destruction?
Après, que nous apprend le passé de cette culture sur ce que nous pouvons attendre du traitement fait aux femmes? Les membres de cette culture, depuis le début – comprenez les hommes membres de cette culture – ont fréquemment violé, tué, mutilé, asservi, agressé de quelle que manière que ce soit les femmes. Cette agressivité ne semble pas être en baisse, et il n'y a pas de bonnes raisons qui nous amèneraient à penser que cela aura lieu.
Un classique chez les gens violents et ceux qui dépendent d'eux est de se dire que si les choses n'ont pas été bonnes dans le passé, il faut à présent aller de l'avant, reprendre à zéro en oubliant les atrocités qui ne peuvent pas se réitérer si l'on repart sur des bases meilleures. Cette amnésie sert bien les deux partis en leur permettant de continuer leur danse dérangeante et destructive de la victimisation. (…)
La cessation de cette amnésie menacerait leur confort relationnel et révèlerait cette stupidité forcée des deux côtés qui pousse à croire en ce mensonge arrangeant reposant sur des changements futurs, vers quelque utopie future où la violence ne reviendrait jamais.
Nous entendons et croyons trop souvent en ce même genre de mensonges à un niveau culturel. On acquiesce d'un mouvement de tête solennel quand les représentants de l'industrie forestière nous disent qu'ils ont réformé leurs méthodes d'abattage et que cette fois ils le font correctement. Pendant ce temps la déforestation continue d'accélérer. La biodiversité s'effondre. Le monde brûle.
Nous soupirons de soulagement quand tous les états américains ont annulé les décorations données aux civilisés pour avoir ramené des scalps d'Indiens, et sommes soulagés qu'enfin John Ford soit mort et ne puisse plus asséner sa propagande, et pourtant nous regardons ailleurs pendant qu'un trou de mémoire avale les langues et les cultures.
Je crois que c'est le moment où je devrais citer Santayana, qui dit que ceux qui oublient le passé sont condamnés à le répéter. Et cette citation dit certainement vrai pour tout ce qu'il y a eu lieu jusqu'à présent. Mais ça ne va pas durer très longtemps.
Tout s'accélère: la destruction se fait de plus en plus outrageuse et omniprésente, s'étendant même à présent à la militarisation (et pollution) de l'espace, au changement climatique, à l'empoisonnement des couches les plus profondes des océans, à la manipulation et à la pollution de notre bagage génétique; les distractions clairement posées pour nous empêcher de voir que cette destruction – avez-vous regardé des films récemment, et qu'achetez-vous en ligne? – devient de plus en plus banale, encore plus obscène (comme les obscénités sont banalisées et la banalisation est notre mode de pensée).
La civilisation est en fin de partie, elle a atteint le point de non retour de son parcours exponentiel sur une planète qui n'est pas infinie. Elle consume le monde. Elle nous consume tous. Ça ne va pas durer. Il est peut-être possible de sauver quelques endroits bien spécifiques, ou des gens ou des plantes ou des animaux ou des mousses ou tout autre forme de vie, de les préserver de la destruction et de la dévoration par cette culture mortifère. (si 138 000 antennes téléphoniques, par exemple, tuent 27.6 millions d'oiseaux migrateurs par an, - on peut doubler les estimations - chaque antenne abattue sauverait environ 200 oiseaux par an.) Il y a un monde à libérer. Qu'allez-vous faire de cela?
« La civilisation a pour origines, comme dit Stanley Diamond que j'ai cité auparavant, la conquête des terres étrangères et la répression à la maison. »
Donc nous pouvons nous demander : la civilisation et le civilisé commettront-ils des génocides?
Pour répondre, nous pouvons d'abord demander: où sont les indigènes du Moyen Orient, de la Méditerranée, de l'Europe, de l'Afrique? Où se trouvent les communautés indigènes intactes, qui n'ont jamais été menacées, en existe-t-il quelque part? (…)
Ensuite : la civilisation et les civilisés commettront-ils des écocides?
Pour répondre, demandez simplement: où sont les forêts du Moyen Orient, de l'Asie, de la Méditerranée, de l'Europe, de l'Afrique? Où sont les biomasses intactes de ces lieux? A quel point devons-nous être stupides ou délirants pour attendre une quelconque diminution magique de cette destruction?
Après, que nous apprend le passé de cette culture sur ce que nous pouvons attendre du traitement fait aux femmes? Les membres de cette culture, depuis le début – comprenez les hommes membres de cette culture – ont fréquemment violé, tué, mutilé, asservi, agressé de quelle que manière que ce soit les femmes. Cette agressivité ne semble pas être en baisse, et il n'y a pas de bonnes raisons qui nous amèneraient à penser que cela aura lieu.
Un classique chez les gens violents et ceux qui dépendent d'eux est de se dire que si les choses n'ont pas été bonnes dans le passé, il faut à présent aller de l'avant, reprendre à zéro en oubliant les atrocités qui ne peuvent pas se réitérer si l'on repart sur des bases meilleures. Cette amnésie sert bien les deux partis en leur permettant de continuer leur danse dérangeante et destructive de la victimisation. (…)
La cessation de cette amnésie menacerait leur confort relationnel et révèlerait cette stupidité forcée des deux côtés qui pousse à croire en ce mensonge arrangeant reposant sur des changements futurs, vers quelque utopie future où la violence ne reviendrait jamais.
Nous entendons et croyons trop souvent en ce même genre de mensonges à un niveau culturel. On acquiesce d'un mouvement de tête solennel quand les représentants de l'industrie forestière nous disent qu'ils ont réformé leurs méthodes d'abattage et que cette fois ils le font correctement. Pendant ce temps la déforestation continue d'accélérer. La biodiversité s'effondre. Le monde brûle.
Nous soupirons de soulagement quand tous les états américains ont annulé les décorations données aux civilisés pour avoir ramené des scalps d'Indiens, et sommes soulagés qu'enfin John Ford soit mort et ne puisse plus asséner sa propagande, et pourtant nous regardons ailleurs pendant qu'un trou de mémoire avale les langues et les cultures.
Je crois que c'est le moment où je devrais citer Santayana, qui dit que ceux qui oublient le passé sont condamnés à le répéter. Et cette citation dit certainement vrai pour tout ce qu'il y a eu lieu jusqu'à présent. Mais ça ne va pas durer très longtemps.
Tout s'accélère: la destruction se fait de plus en plus outrageuse et omniprésente, s'étendant même à présent à la militarisation (et pollution) de l'espace, au changement climatique, à l'empoisonnement des couches les plus profondes des océans, à la manipulation et à la pollution de notre bagage génétique; les distractions clairement posées pour nous empêcher de voir que cette destruction – avez-vous regardé des films récemment, et qu'achetez-vous en ligne? – devient de plus en plus banale, encore plus obscène (comme les obscénités sont banalisées et la banalisation est notre mode de pensée).
La civilisation est en fin de partie, elle a atteint le point de non retour de son parcours exponentiel sur une planète qui n'est pas infinie. Elle consume le monde. Elle nous consume tous. Ça ne va pas durer. Il est peut-être possible de sauver quelques endroits bien spécifiques, ou des gens ou des plantes ou des animaux ou des mousses ou tout autre forme de vie, de les préserver de la destruction et de la dévoration par cette culture mortifère. (si 138 000 antennes téléphoniques, par exemple, tuent 27.6 millions d'oiseaux migrateurs par an, - on peut doubler les estimations - chaque antenne abattue sauverait environ 200 oiseaux par an.) Il y a un monde à libérer. Qu'allez-vous faire de cela?
Endgame, « Une histoire de la violence », pp.274-276.
Derrick Jensen (traduit en français par Les Lucindas)
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